L’hypnose n’a rien d’ésotérique. Cette technique reconnue par les scientifiques prend de plus en plus ses aises dans le milieu hospitalier. Mais la part de mystère qui lui colle à la peau persiste.
L’hypnose peut s’avérer efficace notamment dans le traitement des addictions, comme le tabagisme.
Rien de magique
Un état de conscience modifié, Pourtant ce qui semble durer 5 minutes a en réalité avoisiné les 40 minutes c’est la «transe hypnotique», une «distorsion spatio-temporelle», un «régime modifié de la conscience». «L’hypnose est juste une manière ou un art d’utiliser l’attention que l’on porte à ses perceptions, explique le docteur Bonvin. On oriente le patient pour transformer ses perceptions. La douleur, l’angoisse, l’anxiété, la peur, la panique sont toutes des perceptions.»
C’est peut-être le mot transe qui prête à confusion. On se dit qu’on va atteindre un état second, être dépossédé de ses sens, mais il n’en est rien. Nous vivons cette transe hypnotique, au quotidien, sans nous en apercevoir. Par exemple, lorsque nous nous rendons en voiture d’un point A à un point B, et qu’absorbés dans nos pensées, nous ne nous sommes pas aperçus du chemin emprunté. Cette expérience de rêverie quotidienne serait peut-être même vitale à notre survie. «C’est comme s’il fallait que tout se désorganise pour se régénérer. C’est un moment où l’on déconnecte», explique le psychiatre.
Le thérapeute ne fait que poser un cadre. Pour le reste, c’est le patient qui agit. C’est le patient qui fait tout le travail. Nous sommes bien loin de l’image du sujet dirigé par l’hypnothérapeute comme on peut voir dans les spectacles «Des scientifiques ont beaucoup travaillé pour démystifier l’hypnose, pour montrer que ce n’est pas de la magie, de la sorcellerie ou du chamanisme, mais une capacité que nous avons tous, en nous, de faire travailler notre cerveau autrement pour nous aider», explique la doctoresse Adriana Wolff, anesthésiste, en charge avec la Prof. C-A Siegrist, du programme hypnose clinique aux Hôpitaux Universitaire de Genève (HUG).
Dès lors, si le patient n’a aucune volonté, une attention claire sur ce qu’il souhaite obtenir, cela ne marchera pas. Cela implique également que personne ne peut être hypnotisé de force ou faire quelque chose qui va à l’encontre de ses valeurs, que ce soit dans un contexte médical ou en spectacle.
Dans le milieu hospitalier, l’hypnose est principalement utilisée pour atténuer l’angoisse et la douleur des patients. La relation soignant-patient s’améliore ainsi.
Engouement dans le milieu médical
Les principaux hôpitaux de Suisse s’intéressent plus que jamais aux bienfaits de l’hypnose. L’année dernière aux HUG, un vaste programme de formation à l’hypnose clinique destiné aux médecins et au personnel soignant a vu le jour. D’ici à 2020, on estime que 10% du personnel devrait maîtriser cette technique pour répondre aux besoins des patients.
Une aide pour les soignants
Si le patient peut ainsi réduire sa douleur ou son anxiété, – les deux principales utilisations de l’hypnose en milieu médical –, les soignants en tirent aussi de nombreux bénéfices. «Ils se sentent mieux dans leurs soins, constate Adriana Wolff. C’est très important car notre personnel est à haut risque d’épuisement. Ce n’est jamais agréable de devoir faire mal à un patient.» Même constat pour le docteur Bonvin: «J’ai vu des collègues transformés depuis qu’ils pratiquent l’hypnose.»
A noter que les mêmes effets entre autre en terme de connections au niveau cérébral sont observés en Méditation !!